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perdre des yeux son enfant quelques secondes

14 février 2014

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1 an en arrière, nous avons vécu l’une des pires épreuves que peut vivre un couple de parents. Nous avons perdu notre fille.

Une matinée brocante, juste en bas de la maison. Comme de nombreux weekends de chine les enfants ont voulu m’accompagner. C’est donc en famille que nous sommes partis partager ma passion.

Main dans la main, elle chinant des petits poneys, lui des voitures, moi des jouets Fisher Price, mon homme l’œil à l’affût pour nous 3.

Et au détour d’un stand, je m’arrête. Mon homme me faisant signe qu’il s’occupe des enfants. J’erre donc de stands en stands m’adonnant à ma passion sans avoir à m’occuper des enfants les sachant en sécurité avec leur papa.

Puis, je relève le nez. Apercevant mon homme au loin mon fils à son bras. Rassurée. Mais, seul lui est à ses côtés. Et là, en un seul regard, nous avions compris. Elle n’était plus là… Partie. Perdue. Seule. Dans ces allées bondées de monde. Peut être enlevée même…

Les fractions de secondes qui ont suivi m’ont paru être une éternité. Mon homme fonçant droit vers la gare. Et moi, sonnée, le monde s’écroulant sous mes pieds…

Tout est devenu d’un coup tout blanc autour de moi. Je n’entendais plus rien. Je ne voyais plus rien. J’avais comme des œillères. Je croyais être dans un nuage de coton. Vive au dessus de la scène. Être là sans être là. Être dans un de ces cauchemars dont je ne me réveillerai jamais. Je voyais trouble. Blanc.

J’hurlais son prénom comme je n’ai jamais hurlé. Je pleurais. Suffoquais. Haletais. Tremblais. J’alpaguais tous les passants. Les bousculant. Leur criant dessus. J’imaginais le pire. Je me faisais mille scénarios à la minute. Je nous voyais déjà sans elle. Plus là. Enlevée.

Les secondes m’ont paru des heures. Les minutes des journées. Des années.

Tellement j’hurlais tous les passants criaient son prénom aussi. Toute la brocante s’était mise à sa recherche. La foule me paraissait tellement dense, si dense. Je poussais tous ceux sur mon chemin. Je trébuchais. Je ne savais plus où donner de la tête. Que faire. Quoi penser. Pour moi elle était partie. C’était fini.

Et au milieu d’un attroupement que je tentais de traverser, la foule s’est séparée en deux et elle est apparue. Ma princesse. Mon amour. Ma beauté.

Toute penaude. Seule. Au milieu de ce dédale de vieilleries et de tous ces badauds. Elle était là.

Je l’ai empoignée. Serrée tout contre moi comme jamais. Je ne pouvais plus la lâcher. Elle ne comprenait pas. Du haut de ses 80cm, elle ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer. Elle me cherchait pourtant. Criant « maman, maman ». Si elle avait su.

Il n’aura suffit qu’1 minute pour en arriver là. La faute à personne pourtant. Mon homme l’avait envoyée vers moi en me voyant adossée à un stand essayant de rattraper son frère qui allait traverser la rue en courant. Elle me voyait. Il me voyait. Puis j’ai du bifurqué ne sachant pas que mon fils était parti sur la rue. Ne sachant pas que mon homme avait envoyé ma fille vers moi.

Il n’aura fallu que 60 secondes pour s’imaginer vivre l’enfer. Vivre l’angoisse d’un enfant perdu.

Le pire supplice pour tout parent.